Caroline François, coordinatricede l’exposition (à gauche), l’ambassadrice d'Arménie Hasmik Tolmajyan (au milieu) et Claire Mouradian, l’un des 3 commissaires de l’exposition (à droite).

Histoire

Exposition sur le génocide arménien : interview avec Caroline François

Dans le cadre du cycle de mémoire mené au Mémorial de la Shoah, l’exposition "Le Génocide des Arméniens de l’Empire ottoman" retrace l’histoire de ce génocide qui a fait entre 1 200 000 et 1 500 000 morts. Explications avec Caroline François, coordinatrice de l'exposition.

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Quelles circonstances ont conduit à ce génocide qui a duré d'avril 1915 à décembre 1916 ?

Tout au long du XIXe siècle, les Arméniens subissent d’abord des discriminations civiles et fiscales liées au statut des non musulmans, ainsi que des exactions de la part des tribus kurdes. Les prémices du génocide remontent à 1894, avec les grands massacres du sultan Abdülhamid II, au cours des- quels plus de 300 000 Arméniens sont assassinés. Après le renversement du sultan en 1908 et l’arrivée des Jeunes Turcs au pouvoir, une politique nationaliste, très défavorable aux minorités, est mise en œuvre.

Quel a été l’élément déclencheur ?

Lorsque que la Première Guerre mondiale éclate, les Arméniens qui vivent de part et d’autre du front russo-turc du Caucase sont mobilisés et combattent dans deux camps ennemis. Ils sont alors accusés de traitrise par l’Empire Ottoman, en débâcle face aux Russes. Dès lors, s’ensuit la rafle de Constantinople et l’arrestation des conscrits en avril 1915. 2/3 des Arméniens périront dans les massacres. Pourquoi organiser cette exposition aujourd’hui ? Elle devait avoir lieu en 2020 pour marquer le 105e anniversaire du génocide et le centenaire du Traité de Sèvre, qui est à l’origine de la création de la République d’Arménie. Mais avec la crise sanitaire, elle a été décalée d’une année. 2021 marque néanmoins le 20e anniversaire de la reconnaissance du génocide par la France.

À quel public s’adresse-t-elle ?

À tous les publics, y compris les scolaires. Nous avons évité de présenter des images choquantes où la violence est visible car notre objectif est avant tout éducatif et pédagogique. Quatre thèmes permettent ainsi de retracer l’histoire des Arméniens dans l’Empire Ottoman : stigmatiser, détruire, exclure et reconstruire. Caroline François, coordinatrice de l’exposition (à gauche), l’ambassadrice d'Arménie Hasmik Tolmajyan (au milieu) et Claire Mouradian, l’un des 3 commissaires de l’exposition (à droite).

Qu’est-ce qui est donné à voir ?

L’iconographie est très présente, avec des photos, des articles de journaux, des gravures. Plusieurs films sont pro- jetés, notamment un extrait sonore de Ravished Armenia, le 1er film de fiction sur le génocide. Deux grandes vitrines présentent des objets de la vie quotidienne, comme des broderies, une clé de maison, des objets religieux, notamment une bible de 1915 écrite en turc avec des caractères arméniens, et qui atteste de l’intégration de ce peuple dans l’Empire Ottoman.

D’où viennent ces archives ?

Les archives de la délégation nationale arménienne nous ont prêté beaucoup de documents. Nous en avons récupéré aussi auprès de la bibliothèque Nubar, du musée arménien de France ou encore du Centre arménien de Valence.