La gratuité : un privilège
À Drancy, depuis 2001, la municipalité refuse de faire payer les automobilistes pour stationner leur véhicule.
Face au manque de places, c’est le principe de la zone bleue qui a été réintroduit en 2010 afin de favoriser une meilleure rotation des voitures sur les artères les plus commerçantes de la ville, ainsi que dans ses parkings publics. Quand on compare avec les autres villes, ne pas mettre la main au portefeuille dès que l’on éteint son moteur est aujourd’hui un privilège dont il faut réellement avoir conscience.
Un besoin de civisme et de réalisme
Dans notre ville, il y a des milliers d’emplacements à disposition :
- 24 000 places de stationnement dans l’espace public
- 4200 places dans le parc de l’OPH
- Depuis 15 ans, dans tous les immeubles qui se construisent, il est obligatoire de prévoir 1,3 place par logement, mais des places y demeurent vacantes.
70% des habitations individuelles disposent d’une place de stationnement privée, à l’intérieur de la propriété. Force est de constater que de nombreux Drancéens ne les utilisent pas à cet usage, soit parce qu’ils ont transformé leur garage en autre chose, soit qu’ils ne rentrent leur véhicule dans l’espace prévu à cet effet, une obligation pourtant renforcée par notre PLU en 2004.
En moyenne un terrain privé à Drancy a une dizaine de mètres de largeur. L’entrée charretière (le bateau) faisant 5 mètres de large, il ne reste qu’une place de libre dans la rue. Lorsque le propriétaire possède deux voitures et n’en rentre pas au moins une, la congestion est assurée et le stationnement devient difficile.
Par l’insuffisance des transports en commun, de nombreuses familles sont contraintes d’avoir deux voitures. De ce point de vue, notre ville paiera longtemps la décision de l’État de ne pas implanter de station de métro en cœur de ville.
Les solutions pour remédier aux difficultés
Une aide municipale au stationnement
Dans les zones pavillonnaires, il donc essentiel que chacun participe en rentrant au moins un de ses véhicules à l’intérieur de sa propriété.
C’est la seule solution car il y est impossible d’y créer des parkings publics faute de terrain. D’ailleurs qui vendrait sa maison pour la transformer en parking ? Et le coût serait vertigineux (près de 40 000 euros par place), soit deux fois plus cher que des stationnements souterrains.
C’est pour aider les Drancéens à faire ce geste de civisme que la municipalité accorde une aide allant de 400 à 600 euros lorsqu’une famille drancéenne décide d’automatiser son portail pour rentrer plus facilement son véhicule.
Plus de 255 familles en ont bénéficié depuis l’été 2020, mais c’est encore insuffisant. Pourtant, cette solution économique garantit à chacun de disposer d’une place rapidement et de mettre son véhicule en sécurité.
Nouveauté : les arrêts minute
Pour répondre à l’accessibilité de certains bâtiments publics et des axes commerçants, la municipalité a décidé d’ajouter un autre système, le stationnement minute. Son rôle est de favoriser une rotation rapide du stationnement pour faciliter la vie des clients et des usagers.
La verbalisation sur ces emplacements commence le 1er novembre.
D’ici quelques semaines, une application permettra de voir en direct sur son téléphone où se trouvent des places disponibles à proximité de sa destination. Tout ceci est un progrès, mais ne résout pas tous les problèmes.

De nouveaux parkings
La Ville a entrepris de créer de nouvelles places de stationnement, dans des lieux particulièrement sensibles. Le futur parking du stade nautique, qui devrait ouvrir début 2024, offrira 230 places au lieu des 90 actuelles.
Dans quatre ans, les 4 routes offriront 230 places publiques au lieu de 120 aujourd’hui. La municipalité travaille actuellement sur des projets de parkings à proximité des gares.
Pour l’OPH aussi, le stationnement est un enjeu
Les locataires eux aussi ont leur rôle à jouer. Pour améliorer la situation, la réponse la plus évidente est de mieux utiliser les places existantes. Il faut retrouver la confiance dans les parkings souterrains existants.
L'OPH s'y efforce avec la vidéosurveillance, la création de nouvelles places, mais aussi au travers de la rénovation urbaine.
À titre d'exemple, les parkings des résidences construites à la place de la cité Pierre Sémard font le plein. Mais trop de locataires choisissent de ne pas louer de place de stationnement, tout en regrettant d’avoir du mal à trouver une place. Pourtant ces places disponibles existent dans l’ensemble du parc de l’OPH. Certes elles ont un coût (il a bien fallu les construire). Mais c’est aussi le cas du carburant, de l’assurance, de l’entretien etc... Le stationnement fait partie du coût à assumer avec une voiture.
Pourquoi est-ce si compliqué de résoudre le problème du stationnement ?
C’est une problématique plus complexe qu’il n’y paraît et commune à toutes les villes alentour. Quand les villes ont commencé à se densifier, il y a un peu plus d’une cinquantaine d’années, personne n’avait imaginé que les voitures deviendraient si nombreuses, surtout dans des villes très populaires comme la nôtre. Personne n’avait donc anticipé les besoins à venir, contrairement à aujourd’hui, où toute construction d’immeuble prévoit au minimum la création en sous-sol d’1,3 place par appartement. Il est rare de pouvoir créer plus d’une centaine de places d’un coup, comme la municipalité va le faire avec le futur parking souterrain du stade nautique.
Quels sont les autres leviers pour équilibrer le stationnement ?
L’aménagement de la voirie est un premier levier. Quand nous rénovons une rue, nous étudions les différentes possibilités de manière à optimiser le nombre de places ; quand nous décidons de passer d’un stationnement alterné à un stationnement fixe, nous optons pour le côté qui permettra de garer le plus de véhicules. C’est un travail de fourmi, long, mais nécessaire. L’incitation est un autre levier important. Il faut encourager les Drancéens à rentrer leurs voitures. C’est ce qui est fait par la Ville avec les aides à l’achat de portails automatiques ou par l’OPH avec la sécurisation des parkings souterrains. Enfin, il faut proposer des réglementations adaptées à l’usage des places. Aujourd’hui, nous disposons à Drancy de 6 types de réglementations différentes, permettant de stationner gratuitement de 10 minutes à 4 heures. Ce choix assure une meilleure rotation des véhicules et donc un meilleur partage des places existantes.
Avec la création de 11 km de pistes cyclables en 3 ans, il va être également nécessaire de partager davantage l’espace public. Est-il encore raisonnable de créer des places ?
Il est nécessaire aujourd’hui de maintenir le nombre de places existantes et de l’accroître là où c’est utile et possible. Le stationnement est un enjeu pour la mobilité et l’attractivité économique et sociale. En Île-de-France, 30% des embouteillages sont liés à la recherche de places. Par contre, il ne faut pas créer des places sans tenir compte du développement à venir des autres modes. La municipalité est convaincue qu’il ne faut pas opposer les modes de déplacement les uns aux autres, mais leur donner les moyens de cohabiter de manière harmonieuse. Le développement du vélo ou d’autres modes ne doit pas se faire aux dépens de la voiture, mais à côté d’elle. Il faut penser le stationnement des voitures, mais aussi celui des vélos, des voitures électriques... Des places équipées de bornes de recharge à la place des anciennes bornes Autolib’ seront d’ailleurs bientôt en service. Il faut penser la ville dans sa globalité, prendre en considération tous les usagers et en même temps imaginer le stationnement de demain.