Une rentrée 2020 très sensible

Georges-Marie Yerro, adjointe au maire en charge de l'Éducation, aborde l'épineuse question de cette rentrée, particulière dans le fond, comme dans la forme.
Permettez-moi tout d'abord de souhaiter une bonne rentrée scolaire 2020 à tous les acteurs de l'école à Drancy.
Georges-Marie Yerro
Ce n'est pas une rentrée comme les autres ?
Nous vivons bien sûr une rentrée particulière qui ne sera pas comme les autres mais la municipalité avait pris, dès le mois de mars, des mesures pour assurer la sécurité sanitaire des élèves et de tout le personnel. Mesures qu'elle a renforcées et ajustées pour cette rentrée. Nous avons pu réfléchir à toutes les thématiques selon différents scénarii : l'accueil des élèves, le nombre d'élèves par établissement, le nombre d'élèves par classe, la distanciation dans les salles de classe, les cours de récréation, les réfectoires, les couloirs, les masques, le gel hydroalcoolique, la restauration scolaire, l'accueil des enfants présentant un handicap, les personnels de surveillance. Cela s'est traduit aussi par le remplacement des tables doubles par des tables individuelles.
Pour vous, la question des cours à distance est-elle cruciale ?
Pendant le confinement, tous les élèves ne possédaient pas d'outils numériques et il était très difficile de leur envoyer les cours, voire même de les joindre. Il a donc été décidé d'acheter une tablette pour chaque élève, afin que ceux-ci acquièrent les savoirs fondamentaux et le socle commun de connaissances, de compétences et de cultures. La distribution commencera le 18 septembre. Ainsi, les jeunes drancéens seront grâce à ces outils mieux armés pour s'engager dans le monde de demain et garderont, quoi qu'il arrive, un contact permanent avec leur école. C'est un outil formidable qui participe de notre volonté d'offrir l'égalité des chances à nos élèves dès le plus jeune âge.
Cette rentrée a t-elle été préparée d'une façon particulière ?

On n'improvise jamais une rentrée. Une rentrée ordinaire est déjà compliquée. Nous devons veiller à ce que les locaux soient prêts à accueillir tous les enfants, que tous les enfants soient inscrits, que les travaux aient été réalisés et terminés, que le personnel soit présent. Il faut que le service Éducation soit efficace et réactif. Le budget de l'éducation est le premier budget de la ville.
L'effort d'investissement est très important : on ouvre 2 nouvelles écoles cette année, Simone de Beauvoir et Jules Ferry - chacun se souvient des difficultés que nous avons rencontrées pour l'école Jules Ferry (faillite d'entreprises, malfaçons, paralysie du chantier pendant le confinement). Cette dernière remplace enfin l'école René Deschamps et offre de bonnes conditions d'accueil et de travail aux équipes pédagogiques et aux enfants. Toutes les classes élémentaires de Drancy sont dotées d'un TNI. L'élève drancéen se trouve dans des conditions optimales de réussite et avec l'apport des tablettes numériques, aucun enfant ne restera sur le bord de la route.
Et si on ajoute les tables individuelles, c'est un effort considérable pour le budget de la ville.
Vous insistez beaucoup sur le rôle des enseignants ?

Bien sûr, enseigner est un métier qui s'apprend, collectivement et tout le temps. Il y a un gros travail de transposition didactique : savoir organiser une séquence de cours, choisir l'ordre des concepts et des méthodes, repérer les résistances et difficultés aux apprentissages. Tout cela s'apprend et n'est pas inné. On a vu à la télévision des parents qui reconnaissaient que, pendant les mois de confinement, ils n'avaient pas pu aider leurs enfants et que enseigner est un métier difficile. On ne peut pas s'improviser enseignant, on peut cependant accompagner l'enseignant.
Pour vous, l'éducation est la clé de voûte de notre projet républicain ?
En effet, le sens du projet républicain doit être un objectif partagé des différents enseignements. Il pose comme principe l'égalité en droit de tous les citoyens. Il impose que chaque élève comprenne les devoirs qui découlent de ce droit : respect des autres, respect des institutions et des lois. On a pu voir l'immense solidarité au sein des populations : l'entraide pour aider les plus démunis et les malades, distribution de repas, portage de repas et de courses... Devant ces exemples civiques, citoyens, les élèves garderont en mémoire ces beaux gestes, pourront plus tard faire preuve d'humanisme et comprendre pour certains que la violence engendre la violence et que l'amitié est préférable.
Pour conclure, je dirais que l'éducation représente pour notre équipe municipale ce socle solide qui permettra à tous les Drancéens de prospérer dans la voie qu'ils auront choisie, de ne pas être le spectateur de leur vie, mais acteur. Pour devenir le citoyen de demain qui oeuvrera à la construction d'un monde juste et meilleur.
Des investissements importants
L'éducation est une priorité pour la municipalité. Une chose est de le dire, une autre est de le mettre en pratique, notamment en lui consacrant un important budget.

Pour assurer une année scolaire sereine aux 8604 élèves des 36 écoles maternelles et élémentaires, la Ville consacre 18,8 % de son budget, soit 26 786 750 euros. Cette somme, chaque année la plus importante votée par le conseil, rassemble différents types de dépenses.
Une bonne partie concerne l'équipement matériel. Or, cette année, Drancy voit deux nouveaux établissements ouvrir leurs portes pour accueillir les enfants de quartiers en pleine mutation et dont la démographie évolue rapidement : La Mare, avec le groupe Jules Ferry, le Village parisien avec l'école élémentaire Simone de Beauvoir. Mais une école, ça n'est pas que 4 murs : il faut encore investir dans les fournitures scolaires (280 340 €) ; dans les équipements numériques comme les TNI ; dans le mobilier neuf des nouvelles classes, mais aussi renouveler régulièrement celui des autres établissements (62 000 €)... Il a fallu changer toutes les tables qui accueillaient deux enfants dans les salles de classe, en raison de la nécessaire distanciation sociale. Elles ont été remplacées par des individuelles. Certaines dépenses sont renouvelées chaque année, d'autres sont plus conjoncturelles. Or, cette année, la crise sanitaire a amené la Ville à réaliser des achats importants. On pense ici aux tablettes qui seront distribuées aux élèves dès cette rentrée afin de pallier à l'inégalité numérique entre les élèves ou encore aux bornes UV-C qui permettront de désinfecter des petites surfaces.

D'autres dépenses concernent les aspects éducatifs et humains, afin que les écoles fonctionnent au mieux et que les élèves soient dans les meilleures conditions d'apprentissage possible. On connaît l'importance de l'alimentation chez les enfants : la cantine à Drancy est à 75% bio et gratuite en élémentaire. 4771 repas de qualité sont ainsi servis chaque jour. Autre point important, l'accueil et le suivi des élèves. Si, par exemple, 400 000 euros sont ainsi investis dans les clubs Coup de pouce pour assurer dans chaque école un soutien scolaire, il ne faut pas négliger l'importance de la présence d'adultes lors de toutes les étapes d'une vie scolaire. La centaine d'ATSEM, qui épaulent les enseignants de maternelles, les 146 agents d'entretien et de restauration ou encore les 17 gardiens d'école, sans oublier les agents qui accueillent matin et soir les enfants sont aussi partie prenante de la bonne santé de l'éducation à Drancy.
Des tablettes pour tous les écoliers
Parmi les engagements de l'équipe municipale, il était prévu d’équiper progressivement tous les écoliers des classes élémentaires de tablettes numériques. Le maire a décidé d’accélérer la réalisation de cette promesse, afin de garantir la sécurité dans toutes les écoles de la ville. Aude Lagarde répond à nos questions.

Combien de tablettes sont mises à disposition des écoles des classes élémentaires ?
5 500, et c’est un effort financier considérable réalisé en une seule rentrée. Le coût de cette opération s’élève à 1 500 000 euros.
Qui bénéficiera de ce dispositif ? Et quand ?
Les élèves du CP au CM2. Les premiers servis seront les élèves du CE1 au CM2. Ensuite, lorsque les enseignants le décideront, une fois que leurs élèves se seront familiarisés avec l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, les écoliers de CP recevront eux aussi ces tablettes, sans doute début 2021.
Les enseignants en disposeront-ils également ?
Oui, une tablette numérique identique sera fournie à chaque enseignant, ce qui évitera tout problème de compatibilité et facilitera les interactions avec les élèves. Toutes sortes de contenus pédagogiques seront à leur disposition qui permettront un travail avec tous les élèves de la classe.

Les tablettes seront-elles offertes aux écoliers ?
Non, il s’agira d’un prêt qui durera tous la durée de leur scolarité en classe primaire. Ainsi, les parents devront signer une convention de prêt avec la Ville pour cette période.
Y aura-t-il d’autres évolutions à cette entrée du numérique dans les cartables ?
Il faut bien comprendre que l’arrivée de ces tablettes pour tous les élèves est un changement auquel, avec les enseignants, les équipes pédagogiques, les parents et la municipalité, chacun va devoir s’habituer progressivement. Par exemple, en début d’année 2021, les enseignants auront choisi des livres et cahiers numériques.
Ils pourront aussi progressivement utiliser les ressources pédagogiques que l’Éducation nationale met à leur disposition ou encore corriger à distance les exercices qui doivent être faits à la maison. Cet outil offrira un éventail très vaste de possibilités pour nos enfants et il donne aux adultes, parents et enseignants ,la possibilité d’éduquer les enfants au bon usage du numérique (comme nous essayons déjà de le faire depuis plusieurs années avec le permis numérique).
Qu’attendez-vous des familles ?
Elles n’ont rien à débourser et on ne leur demande par de compétence spécifique en informatique. Les tablettes sont dotées d’une application qui sécurise l’ensemble des appareils et garantit la mise à jour des logiciels. Dans les mois qui viennent, la Ville donnera la possibilité de remplacer les livres-papier qui alourdissent les cartables, par des livres numériques insérés sur les tablettes. Il en sera fini du poids excessif du cartable supporté par les petites épaules.
Pourquoi mettre en place ce dispositif ?
Nous tenions à le mettre en place parce que vous savez bien que l’égalité des chances est notre priorité depuis toujours. Il est vrai que la crise sanitaire a mis au grand jour cette fracture numérique qui touche de nombreuses familles drancéennes. Certaines d’entre elles n’ont même pas d’outil informatique à la maison. Avec une tablette par écolier la Ville s’est donné trois objectifs. D’abord garantir la continuité de l’école, quelle que soit la situation sanitaire, en offrant aux enseignants des outils pédagogiques novateurs. Ensuite que nos enfants apprivoisent dès leur plus jeune âge les technologies du monde dans lequel ils vivront. Enfin, je vous l’ai déjà dit, garantir l’égalité des chances quelle que soit la situation sociale des familles.