Santé

Le thon banni des cantines

Comme huit autres grandes villes, Drancy a décidé de supprimer le thon en boîte des menus des cantines scolaires et des crèches, au nom du principe de précaution.

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"Le thon, c’est bon, c’est le steak de la mer", nous disait autrefois la publicité. Aujourd’hui, ce poisson est soupçonné de contenir un poison, le méthylmercure, forme organique du mercure. Au point que Paris, Lyon ou Lille et Drancy, ont décidé de bannir purement et simplement le thon en boîte des assiettes des 6000 enfants qui déjeunent en collectivité. Et ce tant que nous n’aurons pas la preuve qu’il n’existe aucun danger pour la santé. Alors, que s’est-il passé ? Il y a d’abord eu un engouement croissant pour le thon, devenu le poisson le plus vendu en Europe. Vient ensuite la pollution des mers. Provenant de la combustion du charbon, le mercure retombe dans l’océan où il s’accumule dans la chaîne alimentaire marine. Et en tant que superprédateur, ce gros poisson fait partie des plus contaminés.

L’exception du thon

En octobre 2024, les deux ONG Bloom et Foodwatch alertaient sur les résultats de leur enquête : après avoir analysé près de 150 boites de thon achetées dans différentes enseignes européennes de supermarché, elles constataient une teneur en mercure importante dans 100 % des échantillons, tout en dénonçant une réglementation européenne trop laxiste. Une exception est en effet faite pour le thon, qui lui permet d’afficher un taux de mercure jusqu’à 1 mg par kg, soit 2 à 3 fois plus que les autres poissons (0,3 mg/kg pour le cabillaud, par exemple). Une exception difficilement défendable d’un point de vue scientifique, mais qui prendrait sa source dans le lobbying de la pêche industrielle : "le seuil de dangerosité n’a pas été fixé dans l’objectif de protéger la santé humaine mais uniquement les intérêts financiers de l’industrie thonière", affirme Bloom.

Le principe de précaution s’impose

Autre faille : les taux retenus sont calculés sur le poisson frais alors qu’après cuisson, la concentration s’avère supérieure. Selon les calculs de l’ONG, cela revient à une teneur d’environ 2,7 mg/kg dans la conserve. Or, il est reconnu que le méthylmercure impacte le développement du cerveau (troubles du comportement, baisses du QI...). Cette neurotoxicité ne fait pas débat et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande aux femmes enceintes ou allaitantes et aux enfants de moins de 3 ans de limiter leur consommation de poissons prédateurs sauvages. En pure logique, au nom du principe de précaution, la ville préfère donc supprimer le thon des cantines en maternelle et élémentaire. Dans l’attente soit d’une évolution règlementaire, soit de preuve scientifique solide démontrant que le thon..., c’est bon !