Mémorial national du camp de Drancy

Au cœur de la Cité de la Muette, le monument de Shelomo Selinger et le wagon-témoin forment un ensemble mémoriel unique.
Reliés par “le chemin des martyrs”, ils rappellent la déportation de plus de 63 000 Juifs de France et invitent à la mémoire et à la transmission.

Au cœur de la Cité de la Muette, le Mémorial National du Camp de Drancy rappelle le rôle central joué par ce lieu dans la déportation des Juifs de France. Entre 1941 et 1944, plus de 63 000 hommes, femmes et enfants, dont de nombreux Parisiens, ont été internés ici avant leur déportation vers les camps d’extermination nazis. La Cité de la Muette, construite dans les années 1930 comme cité d’habitations à bon marché, fut réquisitionnée par les autorités allemandes en 1940, d’abord pour y interner des prisonniers de guerre, puis transformée en camp de transit pour les Juifs arrêtés lors des rafles menées en France. Les convois partaient des gares du Bourget et de Bobigny, situées à proximité immédiate.

Classé Monument historique, le bâtiment en “U” — vestige du camp — abrite encore aujourd’hui des logements. Face à lui, deux symboles indissociables de la mémoire composent le Mémorial National du Camp de Drancy : le monument sculpté par Shelomo Selinger (1976) et le wagon-témoin, don de la SNCF en 1988, reliés par le “chemin des martyrs” imaginé par l’artiste.

Ensemble, ils forment un lieu de recueillement et d’enseignement, ouvert à tous ceux qui souhaitent se souvenir, comprendre et transmettre.

Chaque année, de nombreuses cérémonies, visites et actions pédagogiques sont organisées avec le Mémorial de la Shoah pour faire vivre la mémoire de ce site unique, témoin majeur de l’histoire de la Shoah en France.

Le wagon-témoin bientôt restauré

La direction régionale des affaires culturelles vient de donner son feu vert à la restauration du wagon de Drancy. L’opération pourra donc être réalisée prochainement par des ateliers spécialisés en conservation-restauration de patrimoine historique.

Sous les effets du passage des ans et des caprices météo, le wagon, constitué de bois et de ferronnerie se dégrade. Et s’agissant d’un matériel ferroviaire datant de plus de 80 ans, les techniciens SNCF capables de lui rendre sa jeunesse, comme ils l’avaient fait jusqu’en 2008, sont désormais retraités, l’entreprise n’assurant par ailleurs plus ces interventions. Cette année-là, la restauration préconisée par la Conservation régionale des monuments historiques comportait l’ajout d’une couverture en zinc en protection contre les intempéries. C’est cependant dès 2017 qu’il est question de restaurer à nouveau le wagon, atteint par l’humidité, la rouille, et dont les peintures s’écaillent. En 2019, un plan de financement est finalisé autour de la SNCF, de l’État, et de la région. Mais le sort s’acharne sur cette opération, reportée à cause de la crise sanitaire, défection d’entreprise, puis appels d’offres infructueux. Cette fois, les planètes sont alignées. L’intervention sera engagée après les cérémonies du souvenir fin avril, par un groupement multidisciplinaire reconnu en matière de conservation-restauration de monuments historiques, dirigé par les Ateliers de la Chapelle, chargés du traitement du bois, associés à l’Atelier de forge Robert & Robert (éléments métalliques), l’Atelier Trente (travaux de polychromies) et à Alain Coutant couverture (toiture zinc).

Une restauration dans les règles de l’art

La restauration se déroulera dans le hangar sécurisé des Ateliers de la Chapelle, dans le Maine-et-Loire : "Cela permet de travailler dans une atmosphère sèche afin de traiter correctement la corrosion des fers et de maximiser la durabilité de la restauration". Qu’il s’agisse de boiserie, de ferronnerie, de peinture, chaque intervention sera faite dans les règles de l’art. Par exemple, les bois seront travaillés mécaniquement : scie à ruban, dégauchisseuse, raboteuse, etc. Pour le restaurateur, "il n’y a pas de réponse globale de mise en œuvre, mais une multitude de réponses adaptées à la fonction de la pièce à restaurer." Le tout, en 9 mois, afin de restituer les dispositions d’origine du wagon, qui devrait être de retour à Drancy en 2027.