Ouaziz Abrous, Chevalier de l'Ordre national du mérite et chef de la sécurité incendie de Notre-Dame
Publié le
C’est symboliquement six ans jour pour jour après l’incendie qui a ravagé la cathédrale que les décorations ont été remises à l’Élysée à 100 participants au chantier de reconstruction. "À jamais, vous êtes la génération Notre-Dame", a affirmé le président de la République en exprimant ses remerciements. Et l’on imagine sans peine à quel point le chef de la sécurité incendie est l’une des personnes clés ! Ouaziz Abrous a d’ailleurs reçu 16 fois la visite d'Emmanuel Macron.
Une rigueur militaire
Nommé 4 mois après le drame par le général Georgelin, responsable de la reconstruction, Ouaziz Abrous a monté son équipe dans la foulée. “J’avais la réputation d’être d’une rigueur militaire après mes 18 ans passés à la sécurité incendie de l’hôpital Saint-Louis à Paris, raconte-t-il. J’adore les challenges. Il y avait le monstre de métal fondu, le trou béant de 30 m dans la croisée du transept, les plus de deux ans consacrés à la sécurisation de la cathédrale ont été éprouvants, mais il n’y a jamais eu un seul accident, on a toujours tout maîtrisé.”
Il peut s’enorgueillir d’avoir réussi haut la main l’épreuve de la commission de sécurité le 25 novembre dernier, avec la simulation de deux départs de feux simultanés. Un jeune qu’il a lui-même formé a gravi 550 marches en colimaçon en 2 minutes 20... Car depuis 15 ans, le responsable se consacre à former la relève et à transmettre sa passion, en interne et dans un centre de formation. Rien ne prédisposait pourtant cet ancien prof de littérature, Kabyle, qui a fui l’Algérie en 2002, à travailler dans la sécurité incendie. “C’est le pur hasard, même si j’ai autrefois rêvé d’une carrière militaire”, confie-t-il.
Un sentiment de gratitude
Il est donc aujourd’hui à la tête d’une équipe de 21 agents de l’entreprise Vigi Sécurité, qui se relaient 3 par 3, et ce 24/24, 365j/365 par an dans le nouveau PC sécurité installé au premier étage du presbytère. Des écrans y affichent en permanence les images des 48 caméras thermiques qui scrutent la charpente de l’édifice. Du matériel high-tech couplé à 22 zones de brumisation qui lui permettent aujourd’hui d’assurer : “Il peut y avoir un départ de feu, mais en quelques secondes tout est maîtrisé”.
Quant à cette fameuse médaille reçue, il avoue avoir eu un choc en l’apprenant. “Mais c’est aussi une très grande fierté, on a bossé comme des fous, j’ai un grand sentiment de gratitude”, conclut cet homme de 59 ans issu d’une fratrie de 12, tous des bosseurs comme leur papa, et dont l’épouse, médecin, vit, elle aussi, à 100 à l’heure. Très souvent d’astreinte, Ouaziz a des horaires à rallonge. Son jeune collègue, Mohamed, confirme : “Il est infatigable, toujours très patient, je le considère comme mon père.”
Le chef de la sécurité incendie, qui gère aussi la coordination des secours lors des malaises qui surviennent régulièrement parmi les visiteurs de la cathédrale, n’a aucunement envie de prendre un jour sa retraite. “Je veux être utile, c’est une satisfaction morale énorme”, plaide ce passionné. Autre fierté : celle de savoir que son nom est inscrit sur le parchemin glissé dans le nouveau coq surplombant la flèche de Notre-Dame. Au côté de ceux de près de 2000 personnes et entreprises ayant œuvré à sa renaissance.