Histoire

Une couleur disparaît

Alors que la Maison orange est en cours de démolition, c’est un pan de l’histoire culturelle de Drancy qui disparaît, même si celui de la politique volontariste des années 60 pour former ses “jeunes citoyens” subsiste encore.

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La ville n’étant pas bien fortunée, elle s’est mise à profiter de toutes les occasions offertes pour enrichir son patrimoine. Au milieu des années 60, le gouvernement du Gaulliste Georges Pompidou, estimant que les Maisons des jeunes et de la culture (MJC), dont le développement débute après-guerre, sont vraiment trop de gauche, décide de lancer le plan Mille-clubs. Il s’agit de fournir aux villes demandeuses des structures en kit (deux modèles seront proposés) que les jeunes peuvent monter eux-mêmes. Drancy, comprenant l’opportunité mais ne partageant pas la même sensibilité politique, en réclamera plusieurs, tout en développant ses propres MJC. La principale différence était que les Mille-clubs devaient être autogérés par les jeunes eux-mêmes, les MJC dirigées par une association.

Des MJC à foison

Au début des années 70, la ville compte donc plusieurs structures pour sa jeunesse qu’elle va immédiatement réunir sous une même bannière municipale :

  • 1 Mille-club rue Jean Jaurès qui deviendra la Maison citron. Il sera reconstruit en 1997 pour devenir les salles Jaurès que nous connaissons.
  • 1 Mille-club rue Édouard Vaillant (Maison émeraude). Toujours présent, il abrite aujourd’hui une antenne jeunesse.
  • 1 Mille-club rue du Docteur Schweitzer (Maison prune). Il deviendra par la suite le Point information lycéens (PIL) et dorénavant la Maison des jeunes du campus. Ce bâtiment est logiquement identique à la Maison émeraude.
  • 1 MJC à l’angle des rues des Midinettes et des Bois-deGroslay (Maison bleue). Elle disparaîtra en 2019, comme les anciennes serres municipales, pour la construction d’un nouvel immeuble dont le rez-de-chaussée, accueille 3 salles associatives et une antenne du service Jeunesse.
  • 1 MJC rue Saint-Stenay (Maison aubergine). Elle portera le nom de Daniel André, son directeur décédé, en 1980, avant d’être partiellement reconstruite cette année pour se transformer en Centre social l’an prochain.
  • 1 ancienne MJC, au 16 rue de la République, datant de 1961, qui disparaîtra lors de la rénovation du centre-ville.
  • 1 MJC rue Fernand Péna (Maison orange)
La Maison orange

C’est alors le bateau-amiral de la politique drancéenne pour sa jeunesse. Prévu depuis 1968, inauguré en 1971, il fait partie d’un ensemble commandé à Marcel Lodz, architecte de la cité Gaston Roulaud bâtie dix ans plus tôt. Le bâtiment abrite la MJC d’une surface utile de 1 300 m² , mais aussi un marché couvert qui viendra remplacer l’ancienne halle située juste dans le prolongement du bâtiment A. Avec son auditorium, ses espaces de danse et ses nombreuses salles, il accueille la jeunesse du quartier, mais aussi des expositions, plusieurs associations ainsi que des réunions plus formelles. Chacun remarquera pourtant que son manque d’ouvertures et de fenêtres, ainsi que son accès difficile pour les personnes à mobilité réduite, son entrée étant au 1er étage, ne rendait pas son accueil très chaleureux. Néanmoins, le conservatoire municipal s’y installera de 1977 à 2011.

Mais, durant ses dernières années, le bâtiment va vieillir et nécessiter de nombreux travaux, notamment d’assainissement. La Maison orange (qui était bleue à ses débuts et verte pour finir) a fait son temps. Peu utilisée depuis des années, elle s’efface discrètement, dans le cadre de la rénovation urbaine, comme la cité qui l’a vue naître.