Il y a des premières pierres qui ont une saveur particulière. Si toutes sont bien le point de départ de la construction d’un immeuble, certaines sont bien plus importantes. Elles sont à marquer, justement, d’une pierre blanche, car elles symbolisent le renouveau de tout un quartier. La cité Gaston Roulaud restera toujours dans les mémoires, mais elle s’efface du paysage : le bâtiment C vient de disparaitre, deux ans après le D, et la Maison orange vit ses toutes dernières heures.
60 années de vie de quartier marquent les esprits. C’est pourquoi l’émotion était bien présente parmi la nombreuse assistance de la cérémonie. Les anciens locataires, certains depuis plus de 40 ans, avaient le sourire, mais on sentait bien que les cœurs étaient serrés. Même Farid Amari, le directeur de l’OPH de Drancy, à la manœuvre sur ce projet, était pris par l'émotion : “Je ressens beaucoup de nostalgie. Je suis né à côté d’ici et j’ai passé toute ma scolarité à Voltaire. Mais je considère qu’avoir accompagné la municipalité dans ce grand projet si structurant est un honneur et un privilège”. Il est vrai que si ce samedi 6 décembre marque le commencement de quelque chose, c’est aussi une étape essentielle dans une longue histoire pour la ville.
20 années de travail
Dès 2004, lorsque fut lancée la 1re vague de rénovation urbaine par l’État, il était déjà question d’y inclure la cité. Mais le choix avait alors été fait de reconstruire Jules Auffret et Pierre Sémard, des cités de tailles plus modestes, ainsi qu’une partie de celle du Nord. En 2014, à l’annonce de la 2e vague, Gaston Roulaud fut donc naturellement proposée par la ville à l'État. Mais il ne s’agissait pas seulement de reconstruire les quelque 700 logements de la cité, mais aussi une crèche, une médiathèque annexe, un gymnase, le conservatoire, une grande Maison des jeunes et de la culture et des commerces. L’OPH et les services municipaux durent mener un travail intense pour organiser une aussi vaste opération. Mais il fallut aussi batailler avec l’État pour obtenir ses subventions car pour cette vague, la règle avait changé : seuls des logements privés devaient être construits dans le périmètre. La ville obtint alors une dérogation lui permettant de maintenir du logement social (plus de 400 sur 1 120) et ainsi préserver la mixité qui caractérise Drancy.
Des locataires relogés
Tous les anciens habitants de la cité ne vont donc pas déménager dans le même quartier. Pourtant, il n’a jamais été question de laisser le moindre locataire sans solution pour l’avenir. C’est pourquoi, aux quatre coins de Drancy, des résidences de plus petite taille sont bâties afin de préserver l’habitat social drancéen notamment en zone pavillonnaire. Des petites premières pierres qui pavent la route des belles ambitions.






